Par Breizh Football : Brest – Interview de Nolan Roux

Nolan Roux : ”J’ai toujours dit que le Championnat anglais m’intéressait beaucoup…”
Cette interview a été réalisée avant l’ouverture du mercato d’hiver.

Annoncé partant à Schalke 04 l’été dernier, Nolan Roux est finalement resté au club, mais cela a failli lui coûter sa place dans l’équipe. Perturbé et fatigué par le mercato estival, Roux n’a pas attaqué la saison pied au plancher. Inefficace devant la cage pendant des semaines, il a retrouvé la lumière début décembre. Il était temps, car Alex Dupont aurait fini par perdre patience. Mais le fils de l’ancien pro, Bruno Roux, a prouvé que le maillon fort au SB 29, c’est lui et personne d’autre ! Au fait, ce gars-là n’a pas le boulard, contrairement à certains de ses confrères. Et c’est peut-être l’un des secrets de sa réussite. L’attaquant quittera probablement le Finistère cet été, alors nous avons voulu l’interviewer avant son exil.

– Hey, ce n’est pas simple de se garer à ton centre d’entraînement ! Pas facile de trouver une place. C’est compliqué pour vous aussi, les joueurs ?

– Il y a de la place, mais le jour le plus compliqué pour se garer, c’est le mercredi après-midi, quand les parents viennent voir leurs enfants s’entraîner à Pen Hélen. Mais ça va.

– Vous n’avez qu’un seul terrain d’entraînement en herbe, ici, ce n’est pas l’idéal. Ça ne fait pas vraiment club de Ligue 1…

– En n’avoir qu’un, ce n’est pas vraiment cela le souci. Le problème, c’est que c’est compliqué de le garder en bon état avec ce temps-là (Ndlr : il a beaucoup plu le jour de cette interview). Quand il y a trop de gadoue, on ne peut pas s’entraîner dessus. Cet après-midi, on part s’entraîner au soccer et, demain, on se rend sur le terrain synthétique de la Cavale Blanche. On est obligé de s’exiler à droite à gauche (sourire) !

– Ok. Allez, passons. Bon, promis, je ne t’embête pas avec Schalke 04 !

(Il sourit).

– On ne revient pas sur ce sujet, sauf si tu le veux (sourire) !

– Non, ça va aller (sourire).

– A Rennes, sur l’action qui se termine par ton but, on te voit faire un geste à Bruno Grougi, juste avant qu’il frappe sur la barre. Pourquoi ?

– En fait, je lui dis de décaler sur Greg (Lorenzi) sur le côté gauche. Mais il a bien fait de ne pas m’écouter (sourire) et il a fait le bon choix. A tous les coups, il ne m’a même pas vu !

– Ensuite, tu marques dans un but vide. Ça paraît simple de la mettre au fond, mais est-ce que ça l’est vraiment ? On en a vu, des joueurs, rater ce type d’occasion !

Nolan Roux

Nolan Roux, c’est la grande classe sur un terrain. Il est capable de nous sortir des gestes magnifiques. Avec lui, on peut faire de belles photos ! Merci l’artiste.

– Oui. En fait, il n’y a plus de gardien, mais le ballon monte assez haut et je ne sais pas trop si je suis seul ou bien s’il y a quelqu’un derrière moi. Dans ces cas-là, on a peur de la rater, de la prendre mal et qu’elle parte au-dessus. Pendant une demi-seconde, je me suis dit : « Merde, ne la rate pas. »

– Sur le terrain, on te voit souvent
parler à tes coéquipiers, notamment à Grougi. Face à Lyon, l’année dernière, il s’apprête à tirer un coup franc sur le côté. Toi, tu te trouves dans la surface, et tu lui fais signe discrètement de mettre la mine.

– Oui, c’est vrai. Ça m’arrive souvent de lui dire ça, parce que je connais ses qualités. Bruno est celui qui joue le plus près de moi, celui qui est le plus proche pour me faire des passes et je sais comment il joue. Avec sa frappe de balle, il vaut parfois mieux, sur un coup franc, qu’il choisisse la frappe plutôt que le centre.

– Tu t’impliques beaucoup sur le terrain, tu parles et tu travailles beaucoup avant de demander et de recevoir un ballon. C’est le style Nolan Roux ?

– Le foot, c’est ça aussi : beaucoup de jeu sans ballon. Surtout pour un attaquant. Je ne joue pas à un poste où je touche beaucoup de ballons, contrairement à un milieu de terrain. Sur 90 minutes, si on calcule le temps que je passe balle au pied, ça dure combien de temps ? Une minute, peut-être ? Dans un match, je n’ai pas souvent la balle et c’est pour cela que le jeu sans ballon est important.

– Quand tu vois Olivier Giroud en équipe de France, ça t’inspire quoi ?

– Je suis content pour lui. Il le mérite amplement, avec ce qu’il a montré depuis le début de saison, et aussi avec ce qu’il a réalisé toute la saison dernière. Il a le niveau international. Certes, sur quelques buts, il a un brin de réussite, mais ça fait aussi partie du job d’un attaquant. En ce qui me concerne, la réussite est en train de revenir un peu. Lui, il l’a et il marche sur l’eau.

– Est-ce qu’on peut dire que ton jeu se rapproche du sien ?

– Je ne sais pas, je ne me compare pas à lui. En tout cas, je prends plaisir à le voir jouer. J’aime bien son jeu, notamment parce qu’il est puissant, costaud, bon de la tête et dans ses déplacements.

– En Ligue 2, en 2009-2010, vous étiez à la lutte pour le titre de meilleur buteur et il a fini par prendre le dessus, avec 22 pions. Toi, tu t’es arrêté à 15.

– Oui et honnêtement, je ne suis pas étonné de le voir à ce niveau, maintenant. Quand on inscrit 22 buts en Ligue 2, on est prêt pour en marquer aussi quelques-uns

en Ligue 1.

Tu aimerais avoir un entraîneur des attaquants ? Ça commence à se mettre en place dans des clubs.

– Oui, comme à Lyon, je crois, avec Sonny Anderson. C’est vrai que côtoyer des anciens joueurs comme lui, qui ont mis des buts et qui ont marqué l’histoire de certains clubs, ça peut permettre d’apprendre. Avoir des séances spécifiques pour attaquants peut être intéressant. Si on me donne le choix de travailler avec un coach pour attaquants, je dis oui, mais ce ne serait pas une priorité.

– Tu bosserais avec qui ? Guivarc’h ? Un autre ?

– Quitte à choisir, je prendrais Ronaldo (sourire) !

– Ou bien Cantona ? Tu l’as rencontré quand il est venu sur Brest pour sa pièce de théâtre ?

– Non, je n’y suis pas allé, mais j’aurais bien voulu. J’adorais le joueur et j’adore encore le personnage. Ça aurait pu être sympa que j’aille le rencontrer.

– Tu penses qu’il sait qui tu es, qu’il suit la Ligue 1 ?

– A mon avis, il a dû se détacher du foot.

– Tu as un modèle chez les attaquants ?

– J’aime bien Zlatan Ibrahimovic. Il est complet, il a tout. Il est technique, puissant et, en plus, il a du charisme, il impose sonstyle sur le terrain.

– Eh bien, tu vas peut-être jouer contre lui en juin, avec la France !

– (Il rit). Ouh là, ça, j’en suis loin !

– On ne sait jamais… Imagine, il y a trois ou quatre blessés à la dernière minute.

– Il faudrait une hécatombe, une épidémie de choléra pour que je sois appelé (il rit) !

– Si tu n’étais pas venu à Brest, en 2009, tu serais où aujourd’hui ?

– Bonne question ! Je pense que je ne serais plus dans le milieu du foot.

– Ah bon ? Vraiment ?

– Oui, parce qu’après Lens, je devais signer à Gueugnon et ce club a déposé le bilan un an et demi plus tard. Je n’aurais pas signé à Brest et ça aurait été très compliqué pour moi.

– Avais-tu des portes de sortie en cas d’échec dans le foot ? Quels bagages scolaires avais-tu ?

– J’ai raté mon bac et l’année où j’ai voulu le repasser, je suis passé professionnel. Je n’ai donc pas pu et je me suis lancé à fond dans le foot.

– En quatre saisons à Lens, tu n’as joué qu’un seul match de Ligue 2.

– Oui, c’est ça, une rentrée en jeu, un quart d’heure.

– Quand tu vois que tu ne joues pas au Racing, tu perds confiance ?

– Non, parce qu’à ce moment-là, je connais mes qualités, même si je sais que je dois encore progresser et que j’ai beaucoup de choses à prouver. C’est un peu plus facile à dire, maintenant, parce que j’ai joué après mon départ de Lens, mais je savais, à ce moment-là, que je pouvais jouer en Ligue 2. Après mon apparition en Championnat, j’ai fait une rentrée contre Sedan, en Coupe de la Ligue, et une autre contre Metz. Je pouvais évoluer en Ligue 2, mais ce n’est pas moi qui ai décidé de la suite (Ndlr : le coach ne comptait pas sur lui).

– Quel est ton plus beau but sous le maillot brestois ?

– Je pense que c’est celui face à Rennes, l’année dernière, chez nous (Ndlr : une frappe de 35 mètres, puissante, qui finit en lucarne). Il y a aussi celui contre Vannes, quand on était en Ligue 2. C’est le même style de but, mais j’étais situé un peu moins loin de la cage et un peu plus sur le côté.

– Je pense aussi au pion que tu mets contre Tours, en avril 2010.

– Ah oui, et il est important ! Mais on remarque que c’est toujours le même style, avec moi (sourire). Il n’y a pas trop de finesse !

– Le principal, c’est que ça rentre. Ton but le plus moche ?

– Celui face à Sochaux, la saison passée. Le ballon rebondit, revient sur moi et je suis à trois mètres de la ligne. Je n’ai pas marqué beaucoup de buts sur des actions où il n’y avait plus de gardien, où je n’avais plus qu’à mettre mon pied. J’aimerais bien en inscrire des comme ça ! Parfois, ça peut être bien, aussi, de n’avoir plus qu’à pousser le ballon au fond, alors qu’on n’a pas bossé sur l’action (sourire) !

– Celui qui t’a procuré le plus d’émotions ?

– Celui contre Tours, parce qu’il est super important (Ndlr : en cas de victoire ce soirlà, Brest était assuré d’aller en L 1). Il permet de faire un pas de plus vers la montée. Je pense aussi à celui face à Saint- Etienne, qui m’a remis en selle. Avant ce but, j’étais resté longtemps sans marquer et j’étais un peu énervé, contre moi-même.

– Tu pourrais évoluer sur un côté ?

– Je ne sais pas, parce que je n’y ai jamais vraiment joué.

– Tu aurais tendance à repiquer dans l’axe ?

– Peut-être, mais en tout cas, le boulot que font Romain et Eden sur le côté, c’est-à-dire tout le temps défendre, attaquer, revenir, je ne sais pas si je pourrais y arriver.

– Lorsque tu reçois un ballon, on remarque que ton enchaînement et ton premier choix de jeu sont souvent bons. Es-tu d’accord avec nous ?

– C’est ce que je m’impose : être le plus précis possible, de façon à mettre mon partenaire dans de bonnes conditions. Quand on s’applique, quand on donne un

Nolan Roux

En décembre, Nolan Roux a retrouvé la réussite devant les buts. Ici, face à Saint-Etienne, il marque son deuxième but de la soirée.

bon ballon, le coéquipier a plus de chances de réussir un enchaînement propre. C’est un peu la suite logique : quand ça démarre bien, ça finit bien.

– Quel défenseur t’a posé le plus de problèmes en Ligue 1, celui qui est impassable ?

– Attends que je réfléchisse…

– On peut t’aider si tu veux. Cris ?

– Non, pas tant que ça. Je dirais Kana-Biyik, il est puissant et souvent bien placé. En un contre un, il n’est pas facile à passer.

– Ton père a-t-il été très influent dans ton style, dans ton jeu ? Il t’a appris la science du poste, les déplacements et quelques ficelles du métier ?

– Il n’avait pas le même jeu que le mien. Lui, il avait tendance à rester dans l’axe et était à la finition.

– Il ne faisait aucun effort (sourire) ?

– En fait, il effectuait les efforts pour marquer
le but, mais pas pour être à la construction des actions qui se terminaient par un but. Mais ce n’était pas le même football. Il a arrêté sa carrière en 1999.

– Mais il te donne quand même quelques conseils, non ?

– Oui, notamment sur le placement. Il me dit que je me place mal dans certaines situations, mais il me dit aussi que je le comprendrai moi-même, plus tard, avec l’expérience. Et il m’a dit : « Le jour où tu auras compris, tu verras, en fait, que marquer des buts, c’est simple (sourire). » Mais ce n’est pas son genre de me dire où je dois me placer, ni ce que je dois faire.

– Ton départ en juin est fort probable. Quel club et quel Championnat t’intéresseraient pour la saison prochaine ?

– Je n’ai pas de club préféré, parce que je ne m’intéresse pas à tous les clubs, je ne m’informe pas. Mais j’ai toujours dit que le Championnat anglais m’intéressait beaucoup, parce qu’on y voit des buts, du spectacle. Après, pour ce qui est d’y jouer, c’est différent. Je pense que le Championnat de France est l’un des meilleurs en Europe, du moins le plus dur. En Angleterre, on peut voir des équipes gagner 4-3, alors qu’elles sont menées 3-0. Ça, en France, on ne le voit pas. La Ligue 1 est super difficile, mais évoluer dans la difficulté permet d’apprendre beaucoup plus de choses.

– En tout cas, si tu pars, tu nous tiens au courant et tu nous appelles en premier, ok ?

– (Il sourit).

– Au fait, as-tu le numéro de Laury Thilleman (sourire) ?

– Non, je ne l’ai pas !

– Tu as eu le temps de discuter avec elle ?

– Non, jamais. Elle est venue nous saluer dans les vestiaires. Je trouve qu’elle a bien représenté la région. Elle a su rester simple et, ça, c’est une grande qualité.

– Dernière chose, notre dessinateur, Jorj, a dressé un portrait de toi sous forme de caricature. Qu’en penses-tu ?

– (Surpris). Wouah, il a bien fait ça !

Nolan Roux

La caricature, que nous lui avons concoctée, l’a bien fait marrer !

 

– Ce dessin ne te vexe pas, j’espère.

– Non, pas du tout. Ça ne me dérange pas.

– Tu peux le garder, on te l’offre.

– Merci, c’est gentil.

– Et tu en penses quoi ?

– Il aurait peut-être pu me faire des plus grandes oreilles, parce que j’ai des grandes oreilles ! Mais, à part ça, il l’a bien fait !

 

 

Propos recueillis par Mickaël Poupon – Crédit Photo : Patrick Tellier. Retrouvez le « Journal Breizh Football », en vente dans tous les kiosques intelligents !

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