Michel Chatillon, le succès d’un chocolatier breton
C’est en 1939 à Paris que naît Michel Chatillon. Alors qu’il était encore à peine âgé d’un an, ses parents décident de venir s’installer en Bretagne pour se réfugier de la guerre. Après plusieurs années dans la région, il se lance dans un apprentissage au sein d’une pâtisserie renommée à Quimper puis intégre l’ancienne maison Viviers à Paris.
En cours de formation, Michel Chatillon a cependant été contraint d’abandonner le milieu de la pâtisserie : « C’est assez drôle en fait ! Il se trouve que je suis allergique à la farine. Je le suis un peu moins aujourd’hui mais à mes débuts le moindre nuage de farine provoquait chez moi des éternuements épouvantables. Les médecins m’ont pendant longtemps mis en garde contre cette allergie ». N’intégrant pas de farine dans ses préparations, la chocolaterie avait alors commencé à attirer l’attention du futur chocolatier renommé.
Une formation Suisse en chocolat
Après un service militaire en Algérie pendant deux ans, Michel Chatillon se lance à la conquête de la Suisse et de ses chocolats.
« J’ai décidé d’aller en Suisse pour apprendre avec des personnes qui savaient faire et connaissaient leur métier. Il y a énormément d’artisans chocolatier en Suisse. Les consommateurs sont de vrais connaisseurs. Il n’y a pas de place là-bas pour le chocolat bon marché ».
Pendant six mois, il se perfectionne dans la connaissance du chocolat et le côté artistique du métier dans une école à Bâle : « Ça fait partie du métier. Ce sont des choses que tout chocolatier doit apprendre et maitriser ».
En Suisse pendant quatre ans (à Biel puis Bern), Michel Chatillon y apprend aussi la rigueur dont font preuve les Suisses-Allemands dans leur travail. « Ils ont une façon de travailler très précise et rigoureuse. C’est assez impressionnant. J’ai pu observer cette rigueur au quotidien et je l’ai moi-même apprise et conservée » nous avoue-t-il.
Après ces années en Suisse et désireux de voler de ses propres ailes, Michel Chatillon revient en Bretagne et s’installe à Brest sans un sou en poche. Après avoir réussi à rembourser ses premiers emprunts, il ouvre plusieurs magasins entre Brest et Quimper.
Une attraction touristique industrielle
En 1992, Michel Chatillon décide d’abandonner Brest pour rejoindre Pleyben. « J’ai décidé de m’installer sur Pleyben pour être plus centré et proche des consommateurs et faire de mon entreprise, une véritable attraction touristique ».
Installé à quelques dizaines de mètres du célèbre calvaire du centre-ville de Pleyben, le chocolatier a réussi son pari. Chaque année, la chocolaterie accueille entre 80 et 100.000 visiteurs. Les visiteurs peuvent visiter l’entreprise et rencontrer les onze salariés de la chocolaterie avant de venir acheter et apprécier les produits dans la boutique.
« C’est un nouvelle façon de faire découvrir l’entreprise. Le calvaire de Pleyben est un vrai site touristique. On y voit passer beaucoup de personnes pendant les vacances. De toute la France mais aussi d’ailleurs. Ça permet de nous faire connaitre et de créer une clientèle extérieure de vente par correspondance » ajoute Michel Chatillon.
Des produits haut-de-gamme bon marché
Au fil des années la chocolaterie Chatillon a réussi à se faire une place et un nom dans le milieu du chocolat grâce à la qualité de ses produits.
« Nous n’utilisons que les meilleures matières premières possibles. Nous avons un cahier des charges très précis afin de proposer aux clients les meilleurs produits possibles. Les gens sont prêts à se déplacer facilement pour trouver ce qui est bon. Le chocolat est un plaisir avant tout » nous confie Michel Chatillon.
Le chocolatier nous précise aussi que c’est grâce à une production en petites séries et des ventes régulières à la boutique que ces produits conservent leur fraicheur.
« Le choix de s’installer à Pleyben n’est pas non plus anodin : nous voulions être plus près des consommateurs pour essayer de changer certaines habitudes de consommation. Certains pays ont vraiment bien maitrisé l’art de la chocolaterie comme la Suisse ou l’Allemagne. Mais la France s’en sort aussi très bien. Il faut insister auprès des consommateurs pour qu’ils consomment de préférence des produits locaux et nationaux. Pourquoi acheter ailleurs ce que nous savons faire chez nous et peut-être même mieux ? » insiste Michel Chatillon.
Parmi les produits phares de la chocolaterie, nous trouvons les florentins (petits fours chocolatés à base de fruits confits, d’amandes, miel et nappés de chocolat) dont 400kg sont produits chaque jour. Mais la chocolaterie ne se limite pas aux florentins : « Nous développons en ce moment des granits en chocolat qui ne sont pour l’instant vendus que dans notre boutique. Nous aimerions aussi nous détacher un peu du chocolat qui est difficile à conserver en périodes chaudes. Nous travaillons sur des nouveaux produits à résonance régionale comme des mini-crêpes et envisageons plus tard de nous lancer dans les galettes et palets bretons. Toujours dans le même souci de grande qualité ».
Se faire connaître à l’étranger
Après avoir conquis de nombreux publics, la chocolaterie Chatillon souhaite désormais se faire connaitre en dehors des frontières françaises en se développant à l’étranger.
« Le marché national français est très difficile à atteindre. Nous n’arrivons pas à être reçus hors de la Bretagne. Si je vous dis que j’ai appelé au moins 15 fois l’acheteur national Monoprix pour le rencontrer et qu’il ne répond pas ! Comment voulez-vous que les petites entreprises se développent s’il n’y a pas un minimum d’attention de la part de ces acheteurs tout puissant !Du coup, nous avons donc décidé, depuis 5-6 ans, de nous concentrer plus sur l’international. Mais c’est un travail difficile et long à mettre en place ».
Déjà présent au Japon, en Belgique, au Canada, en Nouvelle-Zélande, en Angleterre ou encore Danemark, la chocolaterie Chatillon ne veut pas s’arrêter là : « Nous avons une capacité de production importante qui nous permet de nous développer encore plus et d’être présent dans d’autres pays. Nous sommes actuellement en contact avec des importateurs chinois et espérons nous développer dans ce pays dans les prochains mois ou années » nous annonce Michel Chatillon.
La chocolaterie Chatillon est aussi présente sur de nombreux salons professionnels. Elle sera présente au SIAL (salon international de l’alimentation) à Paris en Octobre prochain et à l’ISM (salon international de la confiserie) à Cologne.
« Les expositions dans ces salons sont assez chères et leurs retombées sont difficiles à évoluer mais elles permettent de rencontrer de nombreuses personnes dans l’export et de favoriser les relations entre les entreprises bretonnes et étrangères. Ce sont ces relations qui permettent de nous développer à l’étranger » conclut Michel Chatillon.