Sobrena – Brest : un des fleurons de l’industrie française en cale sèche… On en est où ?
Sobrena : chronique d’une mort désamorcée
C’est le plus gros chantier de réparation navale français. A Brest, La Sobrena, filiale du groupe Meunier SA créée en 1987 et qui emploie plus de 200 salariés, a été placée en redressement judiciaire par le tribunal de commerce de Brest en décembre. La société a six mois pour redresser ses finances, éponger ses dettes et remplir ses carnets de commande. Gibdock, Eiffage et Damen sont les trois candidats à la reprise du chantier Sobrena.
L’Américain Gibdock emploie 200 salariés à Gibraltar. Il proposerait de reprendre 160 des 217 salariés de la Sobrena. Le Hollandais Damen (6 000 salariés dans le monde) est spécialisé dans la construction navale et trouverait dans le chantier de Brest une cale plus grande que celles de ses 35 implantations actuelles. Enfin, le groupe de travaux publics français Eiffage (70 000 salariés) est, via sa branche métal Eiffage construction métallique, sur les rangs des futurs parcs éoliens offshore, (associé au grand spécialiste hollandais Smulders) et cherche deux ports d’implantation. Eiffage dispose également d’une filiale réparation navale à Saint-Nazaire, et pourrait reprendre 130 salariés. L’Italien Palumbo (trois chantiers de construction et réparation en Italie) s’était manifesté mais n’a finalement pas déposé de candidature.
La décision devrait être prise pour le 6 mars, date de la prochaine audience du dossier au tribunal de commerce de Brest. Le feuilleton Sobrena n’est pas encore conclu. Le chantier, mis en difficulté financière par un marché morose, est l’un des derniers remparts de l’histoire industrielle de la ville. Soutenue par les 20 000 signataires de la pétition lancée par les syndicats, la Sobrena fait entendre les voix de ses salariés. De manifestations en blocages, les ouvriers occupent le terrain pour tenter de sauver l’entreprise et l’activité de réparation navale. « La disparition du chantier de Brest signifierait la fin de la réparation navale civile en France » explique depuis des semaines Olivier le Pichon, secrétaire de l’union locale de la CGT. Symbole de la lutte, l’étrave de l’Espoir II, construite par les salariés, a été érigée au centre de Brest, place de la Liberté. L’Espoir II est en fait l’étrave d’un navire qui avait déjà symbolisé la lutte des années 80. Repeint et équipé d’un moteur, il a été baptisé officiellement lors d’une manifestation pour incarner le combat des salariés.
La situation de la Sobrena mobilise les acteurs et politiques locaux et l’Etat. Le ministère de l’industrie avait ainsi reçu une délégation des syndicats en décembre, tandis que les salariés voyaient défiler sur place à Brest les candidats à l’élection présidentielle en campagne. Jean-Luc Mélanchon, du Parti de Gauche fin novembre, puis François Bayrou en janvier et enfin François Hollande qui a apposé sa signature sur la pétition de soutien à la Sobrena.
Le chantier de la Sobrena emploie plus de 200 salariés à Brest, exploitant les trois cales sèches gérées par la Chambre de commerce et d’industrie. La plus grande de ces cales peut accueillir tous les navires. Le secteur de la réparation navale concerne environ un millier d’emplois à Brest, premier port français de la spécialité. En novembre, le PDG du groupe, François Meunier, avait envisagé un dépôt de bilan en raison d’un carnet de commandes vide. Lors d’une table ronde organisée avec les acteurs économiques et les élus, l’Etat s’était engagé à trouver une solution pérenne au maintien de la réparation navale à Brest.
Affaire à suivre !
Un article d’Anne Laure Jaouën Parmelan pour BreizhWorld Le Blog
Dans son malheur, SOBRENA bénéficie d’une période pré-électorale, propice aux bonnes volontés, durant laquelle les candidats à la présidentielle sont prêts à se battre pour gagner quelques points. Dernier exemple en date « LEJABY » dont le repreneur a bénéficié du soutien du gouvernement… Souhaitons que SOBRENA ait la même chance & les mêmes appuis.
Marie T VERCAMBRE